Présentation de l'Aikido
L’aikido se compose de techniques avec armes et à mains nues utilisant la force de l’adversaire, ou plutôt son agressivité et sa volonté de nuire. Ces techniques visent non pas à vaincre l’adversaire, mais à réduire sa tentative d’agression à néant. L’aikido peut être considéré comme la concrétisation du concept de légitime défense : une réaction proportionnée et immédiate à une agression. En fait, dans l’esprit de l’aikido, il n’y a pas de combat, puisque celui-ci se termine au moment même où il commence. Conformément à cette logique, il n’existe pas de compétition d’aikido
Pratique martiale dégagée de l’aspect compétition qui garde un enracinement réel dans la tradition japonaise. L’ aikido procure un parfait équilibre du corps et de l’esprit en imposant une discipline morale et physique, héritage du Budo.
Le terme aikido est composé de trois kanjis
ai : du verbe au, concorder ; harmonie
ki : énergie
do : la voie.
Aikido peut donc se traduire par la voie de la concordance des énergies.
Tai jutsu, la pratique à mains nues
Les techniques à mains nues sont essentiellement des techniques de défense, qui se terminent par des immobilisations avec des clefs ou des projections.
Toutes les techniques mettent en action les mêmes principes, tels que le développement du travail des hanches, pour acquérir de la puissance sans utiliser de force musculaire, ou les déplacements circulaires qui permettent d'aspirer le partenaire.
Ces principes permettent d'appliquer les techniques sur des partenaires beaucoup plus lourds ou plus musclés que soi.
Les mouvements peuvent se faire lorsque les deux partenaires sont debout (tachi waza), lorsque les deux partenaires sont assis (suwari waza), ou bien lorsque uke (l'attaquant) est debout et tori (le défenseur) est assis ( hanmihandachiwaza ).
Il y a environ 3 000 techniques de base et chacune d’entre elles a 16 variantes… ainsi il en existe quelques dizaines de milliers. Et selon la situation, vous en créez de nouvelles. - Morihei Ueshiba
Particulièrement complexe, son utilisation en combat réel nécessite un haut niveau de pratique. De plus si les techniques restaient basées sur l’académisme classique, elles étaient adaptées à un style combatif. L’aïkido n’est donc pas un moyen pour apprendre à se battre mais permet de se préparer autant physiquement (souplesse, rapidité, musculature), mentalement (rester calme en toutes circonstances) que techniquement (respecter la distance de sécurité, trouver l'ouverture, se placer, gérer plusieurs attaques simultanées) à l'éventualité d'attaques de toutes sortes (et pas seulement des attaques codifiées).
Bukiwaza, la pratique des armes (ken et jo)
Le fondateur de l'aikido se consacra à l'étude des armes lors de sa retraite dans le petit village d'Iwama. Son entraînement aux armes avait lieu tous les matins. Aussi, fort peu d'élèves eurent la chance de les étudier sous sa direction. Ceci explique la faible importance accordée à la pratique des armes dans beaucoup de styles d'aikido. D'autres, comme celui d'Iwama, accorde au contraire à cette pratique une importance égale à celle à mains nues.
La pratique est donc une étude combinée et non dissociée ( riai ) des armes ( bukiwaza ) et des techniques à mains nues ( taijutsu ).
L'aïki-ken et l'aïki-jo s'appuient sur les mêmes principes fondamentaux que les techniques de taijutsu.
Morihiro Saito fit un grand travail de classification et de décomposition des techniques afin d'en faciliter l'apprentissage. Ceci est particulièrement vrai pour la pratique des armes, pratique qui ne fut transmise qu'à un nombre restreint d'élèves, et dans un apprentissage de personne à personne. Morihiro Saito fixa donc un programme permettant l'enseignement des armes de l'aikido à des groupes entiers d'élèves, programme faisant encore référence aujourd’hui.
Ainsi l' aikiken se différencie des autres styles d'escrimes japonaises. Le iaïdo, le kendo, le kenjutsu, ... sont des écoles fondamentalement différentes.
Les armes utilisées en aikido sont le Bokken (ou Ken), le Jo et le Tanto.
Le bokken est un sabre d'entraînement en bois qui remplace le vrai katana. Ce sabre utilisé est donc différent du shinaï en lame de bambou (kendo) ou du iaïto (iaïdo). Le bois est généralement du chêne pour obtenir un poids proche du katana et une résistance suffisante pour travailler avec un partenaire. Il n'a pas de garde ( tsuba ) et sa pointe est coupée afin d'éviter les blessures lors des piques.
Le jo est un bâton de 1,28m. Son diamètre dépend de la préférence de chacun (environ 2,5cm). Il doit être cependant assez résistant pour protéger efficacement.
Le tanto est un couteau dont la lame mesure une vingtaine de centimètres. Il est également en bois pour l'entraïnement. Le tanto est essentiellement utilisé pour l'étude des désarmements.
Les techniques d'armes en aikido englobent plusieurs formes de travail. Les plus fondamentales :
les 20 suburi de jo les 7 suburi de ken les 5 kumi-tachi les 10 kumi-jo
Les suburi sont des mouvements simples, répétés de nombreuses fois, pour apprendre à manipuler les armes et acquérir les bonnes formes de corps essentielles pour le taijutsu.
Les kumi-tachi (avec le ken) et kumi-jo sont des exercices avec partenaire qui permettent de travailler la précision, les distances ( maai ) et le timing ( awase ). Il existe de nombreuses autres formes de travail comme le ken-tai-jo (défense au jo contre attaque au ken) ou encore les kata de jo.
Les racines de l’Aikido
Au 11 ème siècleSaburo Minamoto no Yoshimitsu, descendant de la famille impériale Seiwa s’intéressera aux effets des coups, des prises, des clefs les plus dévastateurs sur les différentes parties du corps. Couplant ses talents martiaux avec son don pour la musique et un grand sens du rythme, il mit à jour les principes de l’harmonie Aiki.
Le clan Takeda
Le fils aîné de Yoshimitsu, Yoshikiyo s’établit dans le village de Takeda (préfecture de Yamanashi) et fonda le clan Takeda. Les techniques martiales furent transmises secrètement de génération en génération. Le Daimyo du clan le plus célèbre fut Takeda Shingen, défait par le futur Shogun Tokugawa au 16ème siècle lors de la réunification.
Le clan Aizu
Les rescapés du clan Takeda intégrèrent le clan Aizu. De cette fusion émergea un nouvel art l’O-shiki-uchi ou ” techniques dans le palais “. Ironie du sort les bushi du clan étaient tellement réputés qu’ils formèrent la garde personnelle de la famille Tokugawa. Le clan pris aussi le parti du shogun durant la restauration Meiji.
Sokaku Takeda et le e Daito-ryu entre dans le 20ème siècle
Héritier de cette tradition, Sokaku Takeda peut être considéré comme le dernier des Bushi. Il permis la survie de son art par son enseignement, le sortant du secret. Sokaku Takeda étudia de nombreux arts martiaux et apporta une synthèse de ses connaissances en établissant un programme d’enseignement. Il classifia les techniques et intégra de nouveaux éléments. Les techniques d’armes : Kenjutsu (sabre), Gotenjutsu (combat dans les palais), Sojutsu (lance), Tessenjutsu (éventail de guerre), Bojutsu (bâton), Toraejutsu (liens de corde) … Tai-jutsu (techniques à mains nues) : Jujutsu (atemi, projections …), Aïkinojutsu (techniques utilisant l’Aiki), Aïkijujutsu (combinaison des 2 systèmes)
Il enseigna durant de nombreux voyages dans les milieux militaire, policier et aristocratique. Plusieurs de ses élèves reçurent l’autorisation d’enseigner à leur tour, le plus célèbre d’entre eux restera Maître Morihei Ueshiba.
Morihei UESHIBA O Sensei, créateur de l’Aikido (1883 - 1969)
Maître Morihei UESHIBA, né en 1883 et décédé en 1969, est le créateur de l’AIKIDO dont les techniques les plus anciennes remontent à plus de sept cents ans.
Il est nécessaire en Aikido, d’avoir un esprit à servir la paix de l’humanité, et non pas un esprit à vouloir être fort et vaincre un adversaire. Il n’y a ni adversaire , ni ennemi dans le vrai Budo. Le vrai budo ne connaît pas la défaite. Ne jamais se battre pour ne pas être battu. — O’Sensei Morihei UESHIBA
Maître Morihei Ueshiba est né de Yokoru et Yoki Ueshiba le 14 Décembre 1883 à Tanabe au Japon. C’était un enfant de faible constitution et souvent malade, mais très intelligent. Il étudie le chinois et la religion Bouddhiste sous la direction d’un prêtre Zen. Il porte un intérêt marqué à la prière et la méditation. Pour se renforcer physiquement, son père le pousse à pratiquer le Sumo et la natation dès l’âge de 10 ans.
En 1901, il part à Tokyo, où il ouvre une librairie papeterie. Il étudie le Ju-Jutsu au Kito-ryu, et le Ken-Jutsu au Shinkage-ryu. De nouveau malade, il retourne à Tanabe. Quelques temps plus tard, il épouse Itogawa Hatsu. A 20 ans, il s’engage dans l’infanterie, où il apprend le combat à la baïonnette. Il quitte l’armée en 1906. En 1910, le gouvernement japonais lance un projet pour repeupler Hokkaido. Maître Ueshiba décide de partir en 1912 avec sa famille et un groupe de 80 personnes. Ils fondent la ville de Shirataki.
Les rencontres
La vie est très dure, l’hiver très long, les récoltes mauvaises. Mais la détermination de Maître Ueshiba motive les colons. C’est à cette époque que Maître Ueshiba rencontre Sokaku Takeda, Maître de l’école Daito de Jujutsu. Ueshiba Sensei l’invite à rester chez lui pour qu’il lui enseigne son art.En 1919, il apprend que son père est gravement malade. Il abandonne ses terres à Maître Takeda et part pour Tanabe. En route, il entend parler de Onisaboro Deguchi, un grand maître spirituel de la secte Shinto Omoto Kyo se trouvant à Ayabe , près de Tokyo. Maître Ueshiba décide de lui rendre visite. Arrivé à Tanabe, il apprend que son père est mort depuis 4 jours. Très peiné, il passe de longs mois à méditer et à prier. Il décide de s’installer avec sa famille à Ayabe et entre dans la secte Omoto Kyo.
Il ouvre le dojo “Ueshiba Juku” pour les adeptes de la secte. Il y développe sa propre idée du Budo. Sa notoriété grandit, et en 1923, il appelle son art Aiki-Bujutsu. Pendant cet période, il aura souvent la visite de Maître Takeda. En 1924, il décide de suivre Maître Degushi en Mongolie pour fonder une communauté utopiste, centre spirituel pour l’amour et la fraternité universelle, selon les principes de l’Omoto Kyo. Six mois plus tard, après d’innombrables difficultés, le gouvernement chinois les fait emprisonner. Ils évitèrent d’être fusillés grâce à l’intervention du gouvernement japonais.
La création de l’Aikido
De retour au Japon, Maitre Ueshiba reprend son entrainement, développant son art, connu sous le nom de “Ueshiba Aiki-jutsu”. Sa réputation s’étend à travers tout le Japon. De grands Maitres d’Art Martiaux viennent le voir pour le défier. Jigoro Kano, le fondateur du Judo, envoie ses meilleurs élèves étudier l’art martial qui deviendra “Aikido” en 1942. Il est invité à faire de nombreuses démonstrations dans tout le Japon, et entre autres, devant la famille impériale. Il donne des cours à l’académie de police militaire.
Début de la guerre au Japon, Maitre Ueshiba part à Iwama près de Tokyo. Il y pratique l’agriculture, et ouvre un dojo, Ibaraki Dojo, aujourd’hui sanctuaire de l’Aikido.
En 1948, les américains, qui ont interdit toutes pratiques martiales au Japon, autorisent la reprise de l’enseignement de l’Aikido pour son caractère de Paix et de recherche de vérité. L’Aikikai Foundation est officiellement ouvert le 9 Février, dirigé par Kisshomaru Ueshiba, son troisième fils. Le développement de l’Aikido à travers le monde commence alors. Maitre Tohei, 10ème Dan et pratiquant de la première heure, est envoyé aux Etat-Unis pour enseigner l’Aikido. De nombreux maitres le suivront dans différents pays.
Maitre Ueshiba acquière le titre de O’Sensei et continue à perfectionner l’Aikido. En 1969, Maitre Ueshiba tombe malade. Il meurt le 26 Avril
Takemusu Aikido
Comme le Daito-Ryu, l’Aikido a toujours évolué au cours de son histoire et plusieurs styles sont apparus. Les uchideshi ( élèves proches ) d’O’Sensei reçurent, à différentes périodes, des enseignements correspondants à une forme d’Aikido. A leur tour ils devinrent sensei apportèrent leurs expériences et fondèrent leurs écoles. Leur style reflète l’Aikido d’une époque enrichi du travail et des évolutions de chaque fondateur.
Morihiro Saito Sensei, l’Aikido d’Iwama (1928 - 2002)
Né en 1928, Saito Sensei rencontre O'Sensei en 1946. Il sera le plus proche de ses Uchideshi (élève au dojo) et le servira, avec l'aide de sa famille, pendant 23 années. A la mort d'O Sensei, il deviendra le responsable du Dojo d'Ibaragi et du temple de l'Aikido situé à Iwama.
Le dojo d'Iwama accueillera de nombreux élèves attirés, par l'étude de l'AikiJo, de l'AikiKen, mais aussi par la qualité et la précision de l'enseignement dispensé.
Le type d'aikido pratiqué par ces étudiants est souvent désigné sous le nom de Iwama aikido, ou aikido d'Iwama. Parallèlement, les étudiants de Morihiro Saito retournés en Europe ou aux États-Unis s'organisèrent en école sous le nom d'Iwama ryu, et obtenaient leur grades directement d'Iwama plutôt que de l'Aikikai, bien qu'ils aient le plus souvent le choix. Morihiro Saito ne quitta cependant jamais la structure de l'Aïkikaï, et à sa mort, la responsabilité du dojo d'Iwama fut confiée à son fils, Hitohiro Saito.
De 1969 à 2002 Me Saito classifia, codifia et organisa l'ensemble du savoir qu'il avait reçu. Il publia dans les années 70 les 5 volumes Traditional Aikido puis à partir des années 80 la série Takemusu Aikido (éditée en anglais par Aiki News. Ces manuels mettent en valeur le style Iwama Ryu (avec son triangle indissociable Jo, Ken & Taijutsu).
Quatre caractéristiques distinguent le style iwama-ryu :
l'importance accordée à la pratique des armes ;
un nombre de techniques particulièrement important comprenant de nombreuses variantes;
l'importance accordée au travail lent et ferme des bases ;
le réalisme martial.
Morihiro Saito insista tout au long de sa vie sur le fait qu'il n'avait rien apporté de personnel à l'aikido qu'il enseignait mais qu’il ne faisait que transmettre ce que le fondateur lui avait lui-même transmis. La contribution de Morihiro Saito à l'aikido du fondateur ne fut donc pas d'ordre technique mais pédagogique.
Maître Saito nous a quitté le 13 mai 2002. Il enseigna toute sa vie afin de "Contribuer à rendre les gens et la société meilleurs".